Première partie: Un constat d’inefficacité et un besoin de reformes
Quel type d’Administration Publique doit-on avoir en RDC, pour ne plus voir des produits alimentaires que nous consommons, être étalés à même le sol, au bord d’un caniveau sale, et sur la chaussée publique, ici, sur la RN1, notre route nationale nr 1 ? Et de tels mauvais exemples sont légion !
Lorsqu’on a été confronté à une gestion administrative plus rigoureuse des multinationales, on s’aperçoit vite qu’il y a de dysfonctionnement de ce genre, à tous les étages de notre Administration Publique. On s’interroge alors sur la capacité d’une telle administration à ordonner le développement du pays.
Ici, un article à trois parties passe cette question en revue, sous un angle purement managérial, et non pas juridique ou politique. Ci-après vient la première partie qui relève certaines pratiques de ce corps, totalement inefficaces. Les deux autres parties, qui seront publiées la semaine prochaine, proposeront des réformes pour rebooster cette administration et gagner en efficacité.
Des pratiques inefficaces
Le fonctionnement de l’Administration Publique en RDC est caractérisé par une inefficacité vécue par nous tous.
Un travail en deçà des standards
Souvent, notre Administration Publique produit des biens et services en deçà des standards admis. Les procédures de leur acquisition sont toujours longues et tortueuses ; les agents travaillent dans des bureaux souvent bruyants, bondés et désordonnés qui jettent un doute sur la qualité du travail fait ; et aucune autorité n’est comptable des mauvais services rendus. Même les documents administratifs manquent de fiabilité, tels nos permis de conduire livrés sans test.
Une organisation énorme aux responsabilités confuses
La RDC est un pays continent. De ce fait, son Administration Publique sera très grosse. Celle-ci se doit donc d’être très organisée, pour être à la hauteur de la tâche.
Elle devrait ainsi afficher un minimum d’ordre et d’organisation. Comme disposer d’une liste exacte de tous les services de l’État, groupés par ministère, avec leur mission spécifique, sans conflit de rôles, leur patrimoine, leur effectif organique et réel, leur déploiement territorial, les résultats attendus de chacun d’eux et ceux réalisés ces 3 dernières années. Prenons une commune en exemple. Qui y est redevable de l’état scandaleux des petites routes ?
Partout, il y a pléthore d’effectifs, dont des fictifs, puis des membres de tribu et des partis politiques, sans qualification et sans tâche précise. A un travail faisable par une personne, on aura plusieurs agents à l’œuvre, sans efficacité !
Une réponse inefficiente aux problèmes rencontrés et un manque de rigueur
Un problème d’intérêt publique se pose-t-il ? Souvent d’ailleurs, parce qu’un service de l’État n’a pas fait son travail ? Eh bien, on crée de nouveaux services, sans aucun souci d’économie, ni d’efficience. C’est ainsi que, par manque d’analyse objective de causes racines, fleurissent des services budgétivores, agences, conseils, offices, régies, fonds divers, etc.
Et le service fautif ? Personne ne le recadre ! Même le contrôle interne est déficient. Qui s’assure par exemple que toutes les amendes pour des infractions routières sont payées suivant les procédures en vigueur ?
Un train de vie somptuaire sans commune mesure avec le revenu du pays
L’exercice préféré des autorités administratives de la RDC est l’auto attribution des privilèges. Comme si elles se faisaient concurrence, pour savoir quel organisme aura des primes plus élevées que les autres, ou des véhicules de grande cylindrée plus impressionnants. Comme si la priorité était dans le tape-à-l’œil, au lieu d’avoir un pays plus frugal, tant que notre budget est si bas.
Des autorités publiques trop relax, malgré les mauvais résultats du pays
Les autorités congolaises semblent très décontractées, un tantinet jouisseuses, alors même que nous sommes confrontés à des défis énormes, de la santé pour tous, de l’éducation de qualité pour tous, du travail pour tous, etc.
Des défis qui nous font passer, nous tous congolais, pour des inconscients, ou pire, pour des incompétents. On se complaît en veste et cravate de griffe, dans les restaurants chics, alors qu’on nous attend en salopette et au travail, manches retroussées, avec tout le monde à l’œuvre, 8h minimum par jour !
Des politiques publiques faibles et l’acceptation par tous de l’inacceptable
Des politiques publiques sont arrêtées par les politiques, sans que celles-ci ne montrent comment nous allons tacler les enjeux existentiels de notre pays. Comme les enjeux sociaux des écarts injustifiés de distribution des richesses nationales. Ou les enjeux organisationnels de manque d’ordre, de discipline, d’efficacité. Ou encore des enjeux éthiques, d’un besoin d’une mentalité honnête.
Pouvons-nous nous permettre de continuer avec des politiques superficielles ? Non et non ! Nous, congolais, devrions tous cesser d’accepter l’inacceptable et faire montre partout, de notre ferme volonté, de renouer d’abord avec l’essentiel, le travail ardu de remise de l’ordre dans le pays, dans l’équité !
Un besoin urgent de réformes managériales
Il en résulte un besoin urgent de remettre à l’endroit notre Administration Publique. Tout retard à cette correction est un retard que nous ajoutons, par négligence, à l’avènement d’un Congo prospère.
Une série de sept reformes managériales proposées
Nous pensons à une série non exhaustive de sept réformes managériales de base, pour faire jouer à fond, à cette administration, son rôle de promoteur privilégié de la culture de développement du pays. Car, la RDC ne se développera jamais sans une Administration Publique qui fait bouger les lignes.
Un effort de recrutement de qualité devrait être nécessaire dans la sélection du Personnel.
En effet. Sans un recrutement sélectif, il sera illusoire d’espérer avoir une Administration Publique capable.