Pour effectuer un travail productif, nous avions dit que nos fonctionnaires devraient avoir des objectifs. Mais si les ministères n’en ont pas, eux, comment leur personnel administratif pourrait-il se fixer des défis ?
Sans une mission claire et des objectifs précis pour chaque ministère, leur nombre pourrait continuer à fluctuer au gré du vent, mais aucun progrès significatif du bien-être du congolais lambda ne pourrait être réalisé, de façon structurée.
Le document de base pour déterminer ces objectifs des ministres est disponible. C’est le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2024-2028. Il reste juste à traduire les stratégies de ce programme et ses objectifs sectoriels globaux en Plans d’Actions Détaillées, qui affichent des objectifs quantitatifs spécifiques, reparties dans le temps par année, accolées à des espaces géographiques déterminés (provinces, territoires et villages) et doublées de l’autorité redevable de leur réalisation, ministère par ministère.
Pour les 6,4 millions d’emplois à créer par exemple, ces plans détaillés nous diront dans quels secteurs ces emplois seront créés, dans quels territoires et par qui, combien d’emplois en 2024 et les années suivantes, et qui sera redevable de leur réalisation conforme. Ainsi, on saura pour le territoire d’Isangi par exemple, quel nombre de gens aura du travail en 2025, soit quel pourcentage de sa population active, et quel sera le responsable à virer, au cas où cet objectif n’était pas atteint.
Si ces plans d’action détaillés ne sont pas établis, si chaque ministre ne connait pas la contribution attendue de lui au PAG 24-28, il sera difficile de fixer les objectifs des fonctionnaires de nos ministères. Et ce PAG risquerait de demeurer un « wish list », une liste de souhaits, comme d’autres programmes du gouvernement avant lui. Sans amélioration aucune des conditions de vie dans nos territoires !
Un ami a été reçu par un gouverneur de province, il y a peu. Ce gouverneur n’avait même pas de laptop de service ! Nos gouverneurs sont sensés conduire le développement de nos provinces, de nos 145 territoires et 79.000 villages. Comment réussir une tâche si complexe, sans cet outil de base d’efficience opérationnelle, à l’ère de l’IA, de l’intelligence artificielle ? Et avec l’avènement de la puce quantique Willow de Google ? Pareil pour certains de nos ministres. Notre digitalisation rapide doit être un objectif primordial pour le pays !
Chaque ministère devrait avoir l’objectif de la mise à niveau de la compétence professionnelle nationale de son secteur, aux standards mondiaux ! Les travailleurs congolais doivent être aussi qualifiés que les meilleurs professionnels du monde. Sinon, quand construirons-nous et lancerons-nous nos propres satellites ?
Les objectifs des ministères auront aussi un double effet de structuration. Ces objectifs détermineront les compétences requises pour une réalisation efficace des activités spécifiques de chaque ministère et la satisfaction de leurs exigences associées. Ainsi, la complaisance serait moins de mise, dans l’attribution des fonctions, comme chaque ministre sera évalué par ses résultats, les plus faibles devant quitter la barque sans délai. Une belle structuration en perspective donc pour nos partis politiques fourre-tout ! Et une réduction recherchée de leur flot connu des « chances, eloko pamba » !
Une autre structuration sera le collage de la transformation du pays à un chronogramme, ordonné par les objectifs. Surtout en face de nos politiciens, qui ont une tendance prononcée d’embellir de façon exagérée la moindre de leurs réussites. On crée une usine de 300 emplois dans une province et l’on fait la fête. A juste titre ! Mais, si le nombre de demandeurs d’emploi est de 10.000 par exemple, on aura réalisé 3% des attentes. De quoi être content, mais tout juste ! Sans une vision et des objectifs des ministères, cette mise en perspective de nos réalisations risque de nous faire défaut.
Il faudrait que le gouvernement devienne le moteur de la création des valeurs ajoutées, par les Congolais eux-mêmes. Pour un fourmillement d’activités productives dans tous les coins et recoins de la RDC, par une exploitation maximale de notre sol, de notre sous-sol et de notre génie propre.
L’industrialisation de la RDC demeure la seule voie pour sortir nos 79.000 villages de leur vie des siècles passés. Nous ne pouvons pas continuer à nous voiler la face devant ce besoin pressant. Fixons donc des objectifs exigeants pour nous tous, objectifs qui nous disent quand nous comptons relever ce défi. Nous en avons les ressources !
Les objectifs simples et mesurables!
En effet. Des objectifs « SMART », selon les meilleures pratiques anglo-saxonnes : Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes ou réalisables, et dont le Temps de réalisation est fixé. Très simplement.