L’Administration Publique, un catalyseur du développement en RDC ? – 2

Les objectifs de développement durable des Nations Unies - ODD
Les objectifs de développement durable des Nations Unies - ODD
5/5 - (1 vote)

Deuxième partie : Une série de quatre réformes structurelles

Dans la première partie de nos réflexions postée au lien rdc-managermieux.com, nous avions relevé certaines pratiques inefficaces de notre Administration Publique. Cette deuxième partie progresse dans des réformes structurelles à faire pour contrer cette inefficacité. La dernière partie, qui suivra dans une semaine, conclura avec un groupe de trois systèmes administratifs à reformer, pour rendre forte cette administration.

Comme image d’illustration de cette deuxième partie, nous avons choisi les objectifs de développement durable des Nations Unies, les ODD-NU. Ceux-ci constituent un modèle de référentiel interne et international utile pour l’Administration Publique, afin de fixer ses priorités sectorielles, à l’absence d’un programme de gouvernement qui fixe le cap.

Cette administration pourrait ainsi donner la situation du pays pour chaque secteur, déterminer ses priorités en fonction des impératifs et des enjeux du moment et fixer les objectifs de base du pays, surtout pour les 10 premiers objectifs ODD-NU et le ODD numéro16.

Enfin d’élever la qualité de sa prestation dans l’exécution des programmes de développement du pays, nous croyons que notre Administration Publique devrait opérer urgemment les quatre réformes managériales ci-dessous. 

1. Faire une dépolitisation et une détribalisation des Services Publiques

Dichotomie Politique – Administration : assurer une séparation effective des rôles

Depuis des lustres, les dirigeants politiques ont réduit l’Administration Publique en un exutoire pour leurs partisans et frères sans qualification. Même dans les instances dirigeantes des entreprises de l’État, ils ont placé des connaissances qui, parfois, ne savent même pas lire les états financiers de ces entreprises.

En violant ainsi le principe de neutralité politique et tribale des agents publics, ils ont ramolli cette administration et provoqué une fonte de l’autorité de l’État. Doivent être revigorées les garanties institutionnelles qui assurent la liberté de conscience des agents publics, liberté qui ne devrait souffrir d’aucun excès de pouvoir de la part des politiques.

L’Administration Publique doit revenir à sa mission première, celle de mettre en œuvre, avec rigueur, les politiques publiques, suivant des règles établies. Les acteurs politiques quant à eux, devraient se limiter à leur rôle de direction stratégique du pays, avec l’élaboration des politiques publiques et des lois efficaces.

Trouver des politiques choc de détribalisation et de de-régionalisation

Pour atteindre cette détribalisation, pourquoi pas imposer une mixité des provinces d’origine, dans les instances publiques, sans préjudice des compétences ? Comme par exemple, assurer que les 5 premières autorités de chaque organe soient des provinces différentes ? Et qu’à la tête des provinces, les 3 premières autorités ne soient pas originaires de la province ?

Les belges ont bien développé nos territoires, sans en être originaires, abstraction faite de leurs pratiques inhumaines. C’est à nous de forger les conditions optimales pour créer un État fort et une vraie Nation unitaire !

2. Transformer l’Administration Publique en un moteur de développement

Le modèle des entreprises et une administration maîtresse d’œuvre

Les administrations des grandes entreprises sont les chevilles ouvrières de leur réussite éclatante. Comment notre Administration Publique peut-elle, elle aussi, réaliser des prouesses opérationnelles pour le pays ?

En prenant tout simplement la responsabilité de la production des résultats, comme en entreprise. Elle doit se parer des valeurs managériales telles que l’économie, l’efficience et l’efficacité opérationnelles, au détriment de la bureaucratie ! Notre Administration Publique doit redevenir compétente et efficace.

La concentration et le savoir-faire sur le cœur du métier

Pour être compétente, notre administration doit se concentrer sur le cœur de métier de chaque secteur et être capable d’en utiliser les meilleures pratiques. Chaque service administratif serait ainsi géré par objectifs, et son responsable deviendra redevable de ses résultats et du niveau de compétence du service. C’est l’approche « NPG », la Nouvelle Gestion Publique ! La RDC doit arrêter de courir à sa perte, avec des services qui ne produisent aucun résultat !

3. Rehausser le niveau des capacités dans l’Administration Publique

Pour avoir une Administration Publique capable d’apporter un vrai progrès, elle devrait attirer dans tous nos secteurs clés, les meilleures compétences du pays, de niveau similaire aux meilleures qualifications dans le monde.

Des compétences inadaptées en comparaison aux meilleures pratiques

Un exemple illustratif de cette inadaptation se voit dans l’organisation des élections. Plusieurs pays publient les résultats, le soir même du jour de vote. Comment d’autres pays peuvent le faire, et pas nous, les congolais ? Pourquoi admettre une telle inadéquation des compétences dans presque tous les secteurs ?

Un besoin de mise à niveau et d’une hausse des capacités partout

On doit de ce fait mettre à jour les exigences de chaque poste de notre Administration Publique. Les recrutements, affectations et promotions doivent cibler les agents les plus compétitifs ! On doit arrêter la distribution à tout-venant des matricules de la fonction publique ! On peut même hausser la barre et demander la validation par le Sénat des nominations des Hauts fonctionnaires, si le Sénat peut se mettre à la hauteur et ne juger que les compétences.

4. Renforcer son rôle d’évaluation systématique des Politiques Publiques

Parfois des politiques publiques lancées ne produisent pas les résultats escomptés. Que faire pour avoir des politiques plus efficaces ?

Instaurer des mécanismes d’évaluation des programmes publics

Une solution simple existe. Celle d’assurer l’inclusion dans toute politique publique en élaboration, de ses facteurs clés de réussite et de ses indicateurs de performance mesurables, une contribution en amont de l’Administration Publique. En aval, elle publiera régulièrement le progrès des programmes, les résultats atteints, comparés aux prévisions, les écarts observés et les tendances qui se dessinent, et elle en redressera les faiblesses. Et ce, de façon systématique ! Car, en principe, dans leurs secteurs, les fonctionnaires doivent être plus compétents que les politiques !

Supprimer tout chevauchement de rôles entre fonctions

En cas de création de nouveaux services, elle redessinera tous les processus administratifs affectés, sans redondance, pour supprimer les étapes inutiles. On ne peut pas toujours créer des services, sans en supprimer d’autres !

Une telle Administration capable, et libre dans le cadre de ses prérogatives, est la seule voie de progrès pour le pays.

3 commentaires

  1. Toute politique publique valable devrait présenter les objectifs clairs qu’elle poursuit. Sinon, son évaluation sera difficile à faire.

    1. En effet. Surtout pour un pays comme le nôtre qui n’aime pas beaucoup les objectifs chiffrés. En pourtant, sans des objectifs clairs et leurs chiffres, la poursuite des résultats est aléatoire. On présentera quelques réalisations faites comme une réussite, alors que comptées, elles ne représenteraient qu’un pourcentage infime, qui chiffré, montrerait un échec patent !

Les commentaires sont fermés.

error

Etait-ce intéressant, utile ? Avez-vous partagé :)

Tout nouvel article vous sera notifié
Partagez
Share