6 mesures anti bouchon routier à Kinshasa

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Des solutions simples pour combattre les bouchons du trafic routier en RDC.

Si j’étais le responsable chargé du trafic routier à Kinshasa, j’aurais mis en place les 6 mesures faciles suivantes, pour réduire les embouteillages ; et suggéré la mise en œuvre d’autres solutions complexes utiles données ci-dessous. Et vous, qu’auriez-vous proposé ?

L’urgence de la problématique de l’embouteillage à Kinshasa

Nous ne réalisons pas toujours les méfaits sérieux, que les bouchons routiers ont, sur le développement de la ville, sur notre efficacité et sur l’image que l’on donne de notre cité.

En effet, ce bouchage de circulation réduit l’attrait résidentiel de certains quartiers, met tout le monde toujours en retard et pour tout, et donne de nous tous, une image des personnes indisciplinées sur les routes et partout. Cela, sans aucune réaction appropriée de notre part !

Et pourtant, des mesures simples, utilisées dans d’autres pays, peuvent atténuer de façon significative, la congestion de trafic sur nos routes. Nous en proposons six, parmi tant d’autres.

Embouteillage de Kin dans le désordre
Ailleurs, embouteillage dans l’ordre…

Les méfaits pernicieux des bouchons routiers à Kinshasa

Une perte inutile d’un temps précieux

Un premier méfait est qu’un bouchon met hors activité productive, toutes les personnes qui sont coincées dedans. La durée de l’arrêt , si courte soit-elle, est un temps passé à pure perte, alors qu’il y a tant à faire pour améliorer le niveau de vie des rd-congolais.

On devient tous stressés

Un deuxième méfait est l’élévation du niveau de stress, si l’on est un peu pressé, comme cela nous arrive tous parfois. Le stress demeure élevé si l’on doit rester alerte, pour avancer vite, afin d’éviter de se faire bloquer par un autre véhicule, ou si l’on doit garder sa vigilance, pour éviter de se faire gratter par des conducteurs sans scrupule. Malheureusement, ce stress a un impact négatif sur nous, bien longtemps après l’embouteillage. Car, il peut durablement affecter notre efficacité au travail, et notre convivialité envers d’autres personnes. A Kinshasa, presque tout le monde déprime déjà au réveil, rien qu’à penser aux bouchons de trafic qu’on va subir dans la journée.

Une exposition à une concentration de la pollution de CO2

Un autre méfait est l’élévation du taux de pollution au CO2 auquel on est soumis, suite à un arrêt prolongé, dans une concentration des véhicules souvent très polluants. Cela, sans compter le gaspillage du carburant et l’usure inutile de son véhicule, en gardant le moteur en marche afin de faire rapidement des petites manœuvres sur place, pour essayer de se frayer un passage.

Réduction de la viabilité économique des quartiers éloignés de Kinshasa

Un autre méfait encore est la réduction de la viabilité économique, des quartiers quotidiennement isolés par des bouchons de trafic. En effet, comment lancer une affaire, et ainsi créer des emplois dans un quartier où, l’accès par véhicule est difficile. Comment prendre une résidence, dans un quartier où, pour ne pas perdre sa journée dans les embouteillages sur la route de son travail, il va falloir sortir le matin à 5 heures, et rentrer au plus tôt le soir, vers 22 heures ? Quelle activité économique peut supporter un tel freinage de la mobilité des personnes et des biens ?

Un mauvais signal de la RDC aux investisseurs étrangers

Le méfait le plus pernicieux de tous, à notre avis, reste le fait que ces bouchons répétés le long des grandes artères contribuent à chasser des investisseurs étrangers sérieux de notre pays.

Eh oui ! Des délocalisations d’usines drainent ailleurs des industries du Nord, vers des pays dont la main d’œuvre locale est bon marché, mais rien pour Kinshasa. Et cela se comprend. A moins de chercher à tirer profit du désordre, comment peut-on venir investir et espérer prospérer dans un environnement dont l’organisation laisse à désirer et dont le trafic routier présente une image d’un désordre perpétuel ?

Oui. Nos bouchons routiers, créés par le désordre des usagers, envoient un mauvais signal aux potentiels investisseurs sérieux. Si un pays en développement, n’est pas capable de mettre de l’ordre, dans de choses aussi simples que le trafic routier, comment pourrait-il organiser de façon satisfaisante des choses plus complexes relatives aux investissements, comme une bonne structuration des charges, des revenues, des marges, des taxes et de transfert des retours des investisseurs ?

La mauvaise qualité de vie à Kinshasa sème un doute sérieux dans la tête des investisseurs sérieux et contribue, à ne pas en douter, à la réduction de l’attractivité économique de notre pays !

La nécessité d’une réaction immédiate rapide à Kinshasa

Comme on le voit, l’impact des bouchages de circulation routière est si dommageable à la qualité de notre vie et à nos perspectives économiques que, nous nous devons de réagir immédiatement, et vite !

Il est urgent d’arrêter la culture du désordre que l’on crée nous-mêmes sur les routes de Kinshasa.

Il est urgent de montrer que nous sommes capables d’arrêter notre comportement de désordre et de mettre en place une culture de discipline !

A cet effet, des solutions simples et efficaces existent pour alléger de façon substantielle la congestion routière à Kinshasa.

Des solutions simples du trafic urbain dans d’autres pays

Juste en copiant les bonnes pratiques appliquées dans d’autres pays, nous avons retenu les 6 pratiques anti bouchons suivantes :

1ere pratique anti bouchon : l’interdiction d’arrêt aux croisements des routes

En Grande Bretagne, on utilise le « Yellow criss cross lines junction box », le marquage au sol, à certains croisements des routes, d’un carré de lignes entrecroisées jaunes.

Ce carré détermine la zone dans laquelle, il est interdit à tout véhicule de faire un arrêt. Si la bande routière n’est pas dégagée devant un véhicule au-delà de cette zone, celui-ci doit s’arrêter avant ce carré. Cela rend automatiquement libre la circulation des véhicules sur la voie en croisement.

Appliquer cela à Kinshasa supprimera une cause importante des bouchons, qui est l’enchevêtrement des véhicules dans les croisements, où tout le monde se lance pour passer le premier et où les véhicules se calent les uns les autres.

2e pratique anti bouchon : la priorité au premier arrivé dans un croisement

En Afrique du Sud, aux croisements ordinaires de routes sans priorité particulière prédéfinie, la priorité revient au premier arrivé.

A ces croisements, tout le monde s’arrête d’abord obligatoirement. Le premier à entrer dans le croisement est celui qui s’était arrêté avant les autres. Introduire cette pratique va freiner notre système de se précipiter pour passer avant les autres, et introduire un peu de politesse élémentaire sur nos routes.

3e pratique anti bouchon : la bande routière réservée aux véhicules de transport public

En Grande Bretagne encore, sur les routes de grande circulation à plusieurs bandes, la bande proche du trottoir est parfois réservée aux bus.

Des dispositions analogues pourraient être adaptées à nos boulevards, pour arrêter la course que se font les bus, taxi bus et taxis ketch qui jouent à se dépasser dans tous les sens, parfois au mépris de la sécurité des personnes transportées.

4e pratique anti bouchon : l’aménagement des stations d’arrêt des véhicules de transport public.

Dans beaucoup de pays, il est aménagé des stations de stationnement et de manœuvre des bus et autres véhicules de transport en commun.

Nos véhicules de transport public doivent cesser de s’arrêter de façon intempestive sur la chaussée de circulation, pour charger et descendre leurs passagers, ou pour manœuvrer et changer de direction, causant souvent des bouchons monstres. A tous les arrêts terminaux des lignes de transport public, des stations de stationnement doivent être aménagées, en dehors des bandes de circulation. 

Le long des grandes routes, les arrêts des taxi bus doivent aussi être marqués et aménagés pour libérer les voies de circulation. Donner la responsabilité de l’aménagement de ses arrêts aux autorités communales sera une bonne contribution de celles-ci dans l’effort pour fluidifier le trafic dans leurs communes.

5e pratique anti bouchon : Une tolérance zéro contre la création des bandes routières inexistantes.

La création des bandes inexistantes est une invention kinoise. On roule sans scrupule sur les trottoirs et les dalles des caniveaux, accélérant ainsi leur dégradation.  On prend même la bande inverse dans notre précipitation de passer de manière cavalière, toute honte bue, avant tous les autres usagers qui étaient arrivés là bien avant ! De l’impolitesse assumée !

Bandes inverses occupées sur Nguma, palais des marbres, vers haute tension

Engageons-nous à nous corriger et à ne pas imiter ceux qui nous tirent vers le bas. Un puissant moyen pour concrétiser cet engagement serait de recevoir un exemple d’en haut. Que les autorités civiles et militaires se mettent avec leurs cortèges dans les queues, derrière ceux qui sont arrivés avant elles, pour dire à tout le monde que, le désordre de création des bandes inexistantes n’est plus toléré à Kinshasa. Le mauvais exemple doit cesser de venir d’en haut !

6e pratique anti bouchon : la culture de la facilitation de la circulation sur nos routes.

Enfin le dernier point, une culture de facilitation. Par exemple, pour tout véhicule que l’on voit devant soi, qu’on accepte de lui faciliter la tâche. Pour un véhicule à l’arrêt qui clignote pour reprendre la route, un véhicule en manœuvre, etc., on se doit de freiner pour le laisser faire son mouvement.

Lorsqu’un obstacle réduit la route en une seule piste, à l’absence d’un agent de roulage, qu’on s’engage à faciliter la circulation dans les deux sens, en adoptant un système de passage alternatif, par exemple, en groupe de 3 véhicules par direction. De même quand la route dans une direction se rétrécit, qu’on accepte d’adopter le même principe de passage alternatif, un véhicule d’une bande, puis un autre véhicule de l’autre bande.

A y regarder de près, on y gagne tous. Car, en facilitant la vie aux autres, en retour, tout le monde vous facilite la vie à vous-même aussi.

On doit arriver à substituer à notre culture actuelle de la complication de la vie des autres, une culture de la facilitation de notre vie en commun. On en sortira tous gagnants !

Des solutions complexes du trafic urbain

Un mot sur des solutions plus complexes et laborieuses. On peut aussi adopter des solutions complexes, comme celles utilisées dans toutes les grandes métropoles dans le monde :

  • l’installation généralisée des feux de signalisation qui fonctionnent et leur strict  respect;
  • la construction des moyens de transport en commun de masse de grande capacité, comme le train urbain ou le métro souterrain ;
  • un réseau de transport urbain par bus plus dense et plus régulier, couvrant tous les quartiers de la ville ;
  • la construction d’une route périphérique autour de la ville ;
  • la construction des routes intra urbaines de connexion plus directe entre communes/ quartiers voisins ;
  • Le transport fluvial, comme la construction d’une ligne de navettes sur le fleuve entre le centre-ville et Kinkole, etc.

Si l’on désire vraiment réduire le nombre de véhicules dans notre trafic urbain, il faudrait sérieusement penser à mettre en œuvre ces solutions complexes.

Conclusion sur le trafic urbain à Kinshasa

Nous n’avons pas abordé la problématique du trafic routier urbain de Kinshasa dans sa globalité, ni ses aspects particuliers de la qualité des routes et de leur densité, du respect du code de la route, de la sécurité routière, de la qualification des chauffeurs ou d’autres tracasseries routières. Nous avons seulement recherché des solutions au problème de blocage fréquent de circulation dans certains points de la ville, en s’attardant sur six solutions simples d’application, pour leur mise en œuvre rapide.

Si ces choses simples et d’autres encore, que chacun de nous peut trouver, ne peuvent être mises en place par nos responsables en la matière, mais aussi par nous-mêmes, en adoptant personnellement des comportements corrects sur nos routes, alors, et nous le disons en souriant, il ne nous restera plus qu’à remettre en service le bataillon des « Kadogos », pour que ceux-ci recommencent à fouetter sur nos routes les conducteurs indisciplinés, en commençant par ceux qui devaient donner le bon exemple, les chauffeurs des « cortèges non officiels » des autorités civiles et militaires !


6 commentaires

  1. Des idées utiles à communiquer au gouverneur, au patron de la police provinciale et aux bourgmestres. Les bourgmestres doivent faire quelque chose rapidement, surtout aux terminus des taxi bus, où le désordre routier devient insupportable. Mais pour le bon exemple qui doit venir d’en haut, qui va commencer ?

    1. RDC-MM fera un courriel à ces autorités, à votre demande, comme un de leurs administrés. On vous donnera leur réaction. Que les personnes qui ont leurs adresses e-mail nous les communiquent. Pour l’exemple d’en haut, un courriel sera fait au service de presse de la présidence pour communication à qui de droit, pourquoi pas ? Comme une nouvelle requête du peuple !

  2. Un 7e mesure simple. Aujourd’hui, j’ai été bloqué par 3 bouchons provoqués par des camions de distribution des produits commerciaux, qui stationnaient carrément sur la chaussée pour faire leur livraison, des bières, de ciment et de fer a béton (Une remorque !). Cela doit être interdit. Les commerces de revente doivent prévoir des espaces de stationnement hors chaussée pour leurs fournisseurs et leurs clients. Hors de chaussée de circulation !

    1. Très bonne mesure, très bonne contribution. L’usage de la chaussée de circulation pour des besoins privés obstrue le trafic. Véhicules de livraison ou des clients, véhicules parqués ou en panne, véhicules en attente de sortie des écoles, articles de commerce (bois de coffrage…), les marchés des grandes artères qui débordent sur la chaussée, avec parfois des produits alimentaires étalés à même le sol sur le macadam… Toutes ces choses doivent se faire hors chaussée de circulation ! On a là une 7 mesure simple !

  3. Gilbert Tshiyoyo
    Du point de vue administratif, il serait bon de décentraliser certains actes administratifs. Pourquoi devons nous aller tous en ville pour certains documents. Amener cela dans les communes et quartiers progressivement.

    1. Effectivement. C’est une N-me mesure anti bouchon très valable ! Et le service est toujours meilleur quand il est proche de l’usager. On gagne sur tous les plans.

Les commentaires sont fermés.

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