L’Administration Publique, un catalyseur du développement en RDC ? – 3

Les valeurs de base d’une organisation efficace
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Troisième partie : La réforme de trois systèmes transversaux de base

Après un regard porté sur certaines pratiques inefficaces de notre Administration Publique et une proposition de quatre réformes structurelles à mener, postés au lien rdc-managermieux, nous bouclons ici nos réflexions sur la capacité de notre Administration Publique à forger le développement du pays.

Nous croyons que notre Administration Publique devrait opérer urgemment la réforme des 3 systèmes de management suivants, pour espérer être à la hauteur des défis du moment : le système de gestion de l’information, celui de transfert des technologies au pays et le système des valeurs pour les services publics, ce dernier point étant très critique.

1. Adopter un système contemporain de gestion de l’information, des données et des documents administratifs

A l’ère de l’intelligence artificielle et de la dématérialisation des supports de tout genre, l’usage du papier pour le traitement des données opérationnelles et des documents administratifs par notre Administration Publique est dépassé. Il est tout simplement impossible de bien gérer ce pays continent de cette façon-là.

Une numérisation du service public s’impose donc sans délai, vu que sans une information de qualité, il sera difficile d’établir une politique publique de qualité, ou une stratégie économique de bonne facture, publique ou privée. Comment par exemple assurer la scolarisation primaire complète d’une commune, sans avoir des données fiables sur les enfants en âge de scolarité ?

De cette façon, toutes les données utiles sur le pays, économiques, sociales, démographiques, technologiques, statistiques, etc. pourraient être correctement collectées, analysées, classées, interprétées, archivées et présentées sous forme d’information utile et uniforme pour le citoyen. Et ce, par tous les services publics, sans exception, chacun dans son secteur.

Le numérique facilite aussi une transparence accrue et constitue un outil puissant de lutte contre le vol des biens publics. Surtout si, comme certains pays, on hausse nos standards en rendant accessible au public, le patrimoine et toutes les informations relatives au fonctionnement des institutions publiques. Qui connaît par exemple, le patrimoine de la ville de Kinshasa ?

2. Adopter une politique plus exigeante de transfert des technologies au pays et de renforcement de nos capacités

L’Administration Publique peut manquer certaines ressources pour fournir à temps des biens et services publiques de qualité, surtout si des compétences pointues sont requises. Elle peut néanmoins compenser cette faiblesse par une externalisation de certains services publics, via des partenariats Public – Privé.

Avec des conditions bien négociées, on s’assurera qu’aucun opérateur privé ne mette un tel service d’intérêt public, hors de portée du citoyen moyen. En choisissant les partenaires mondiaux top dans leur domaine, on exposera le pays aux meilleures pratiques du domaine, accélérant ainsi un transfert adéquat des compétences de qualité. Un minimum à exiger de tout partenaire !

Un système de partenariat intéressant est le BOT, le « Build, Operate and Transfer ». Le partenaire finance alors la construction de l’infrastructure concernée, l’exploite sous concession et enfin en transfère la propriété et l’opération au pays, au temps convenu. En affinant ce BOT, il pourrait aussi assurer le transfert des compétences d’exploitation, et même celles relatives à la construction des infrastructures, quel qu’en soit le niveau de technicité.

L’État instaurerait ainsi un système sûr de renforcement des capacités du pays. Car, sans un tel transfert, notre développement industriel sera difficile à faire.

3. Définir un système de valeurs de base de l’Administration Publique à imprégner dans tout le pays

L’Administration Publique est un instrument majeur dans la formation de la mentalité des gens et dans la correction des comportements d’une population. Dépositaire de l’autorité de l’État, son pouvoir d’influence est énorme sur les citoyens, en bien, comme en mal.

Pour jouer son rôle d’accélérateur du développement du pays, elle se doit de se doter d’une culture de travail qui articule des valeurs nobles et des beaux principes, tels que les valeurs de compétence, de positionnement comparé aux meilleurs et des vertus morales.

3.1 Valeurs de compétence

Les valeurs de l’économie, de l’efficience et de l’efficacité, les « 3 E », sont à placer comme fondement de sa culture professionnelle. Le facteur clé de réussite de cette approche étant la publication régulière des résultats prévus, ceux réalisés, leurs statistiques, et des solutions innovantes utilisées, pour chaque service public. Car, sans une mesure des résultats et une publication des tendances, aucune gestion n’est possible ! Nous devons briller par notre professionnalisme et arrêter avec notre culture stérile de la frime !

3.2 Valeurs de positionnement par rapport aux autres

Les vertus de positionnement poussent à occuper la place correspondant à son potentiel. Le facteur clé de réussite ici sera la pratique de la comparaison régulière, au meilleur mondial, dans chaque domaine. Nous devons devenir des vrais battants, au lieu de nous complaire dans notre complexe de supériorité superficielle. Un exemple ? Il y a chez nous des banques marocaine, gabonaise, camerounaise, indienne… et pas une seule banque, propriété d’une famille congolaise !

Le potentiel de la RDC nous impose une ambition grandiose, rien de moins !

3.3 Valeurs morales

Nous devons mettre en avant des vertus porteuses d’une élévation sociale, morale et psychologique, comme l’équité, l’intégrité, l’exemplarité et la dignité de soi. Les contre-valeurs comme la tricherie, des avantages sournois et l’enrichissement sans cause doivent être combattues à tous les niveaux. Pour ces valeurs morales, le facteur clé de réussite est la transparence.

Ainsi, l’Administration Publique cherchera à créer une culture administrative forte, un art de travail à la congolaise qui soit rigoureux, professionnel et équitable, à propager dans tout le pays, et dont elle serait un modèle vivant !

Conclusion

Afin de créer une singularité congolaise positive en Afrique, notre Administration Publique doit s’investir dans son rôle de catalyseur du développement, et devenir la cheville ouvrière par excellence de l’optimisation des politiques publiques. Les sept réformes proposées dans nos articles constitueront un saut qualitatif significatif, pour plus d’efficacité.

Nous devons réussir à faire une transformation profonde de notre pays, diminuer notre fiesta habituelle, pour reprendre en main notre vraie destinée, celle d’être un grand pays riche et vraiment prospère en Afrique.

Avec l’aide de Dieu.

2 commentaires

  1. Je partage à 100% l’exigence d’une numérisation rapide de tous les services de l’Etat. Tout retard pris pour cette transformation est un retard qu’on ajoute à notre développement. On se déplace encore pour des informations administratives que l’on peut avoir via Internet. Pas du tout efficace !

    1. La numérisation procure une énorme efficacité opérationnelle. Il y aura moins de déplacement physique des hommes et des documents, comme vous l’avez souligné; une accessibilité et un partage faciles, simultanés, sans contrainte de distance ; une recherche facile et instantanée ; un stockage aisé, en sécurité de la même donnée pour tous ; des économies cumulées et d’autres avantages encore…

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